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Pour une culture partagée
de l’intégrité scientifique

Colloque 2022

Prises de parole des chercheuses et des chercheurs dans l’espace public :  quels nouveaux enjeux pour l’intégrité scientifique ?

Colloque 2024 - Quel avenir pour le score SIGAPS ?

Près de 200 personnes ont assisté au colloque 2022 de l’Ofis consacré cette année aux pratiques en matière de prises de parole des scientifiques et aux questions que celle-ci soulève, afin d’éclairer l’élaboration de principes partagés par les communautés de recherche.

 La presse en parle :

Prises de parole des chercheuses et des chercheurs dans l’espace public

Le colloque était consacré à l’utilisation de l’indicateur bibliométrique SIGAPS en matière d’évaluation des carrières individuelles des chercheuses et chercheurs hospitalo-universitaires et d’attribution de crédits aux établissements de recherche biomédicale.

Prises de parole des chercheuses et des chercheurs dans l’espace publicLa pandémie de Covid‐19 a fortement accentué la visibilité publique des chercheurs. Elle a aussi intensifié les questionnements sur les bonnes pratiques en matière de prises de parole, amenant des institutions scientifiques à s’exprimer sur le sujet et à adopter des chartes d’expression publique. De fait, les questions d’intégrité scientifique ne s’arrêtent pas aux portes des laboratoires, mais concernent l’ensemble des dimensions du métier de chercheur, dont la communication en direction du public. Dans le cadre de sa mission nationale d’animation et de prospective, l’Ofis a exploré, lors de cette édition 2022 de son colloque bi-annuel, les divers enjeux soulevés du point de vue de l’intégrité scientifique par la parole scientifique dans l’espace public, afin d’établir l’état des pratiques et d’éclairer l’élaboration par les communautés scientifiques de principes partagés en la matière. Quatre axes ont principalement orienté les échanges. Le premier visait à explorer d’éventuelles tensions entre intégrité scientifique, liberté académique et liberté d’expression (en quoi ces libertés se distinguent‐elles ? peuvent‐elle s’entre‐ limiter ?). Le deuxième s’est consacré à l’analyse des différentes formes de prises de parole dans les médias et les enjeux spécifiques qu’elles soulèvent (par exemple, quelles formes d’autorégulation associables à chaque espace d’intervention). Le troisième a abordé les moyens d’évaluer l’impact des réseaux sociaux sur l’expression des chercheurs, en particulier les phénomènes d’autocensure, et sur le cours des controverses scientifiques. Enfin, le quatrième axe visait à interroger les modes d’articulation entre l’expression publique d’une institution et les prises de parole individuelles de ses chercheurs (doit‐il exister un « devoir de réserve » de la part d’une institution ? Au nom de qui ou de quoi un chercheur peut‐il parler ? etc). Plus de 200 personnes ont assisté à cette journée qui s’est déroulée à l’amphithéâtre Marguerite de Navarre au Collège de France.

Comité scientifique du colloque

Raja Chatila (Collège de déontologie du MESRI), Michel Dubois (CNRS), Ghislaine Filliatreau (Référente à l’intégrité scientifique Inserm), Hélène Le Meur (Ofis), Olivier Le Gall (Président du CoFIS), Michèle Leduc (CoFIS), Catherine Guaspare-Cartron (CNRS), Charles Girard (Université Lyon 3), Christine Noiville (Présidente du COMETS), Stéphanie Ruphy (directrice de l’Ofis), Yves Sciama (AJSPI : Association des journalistes scientifiques de la presse d’information).

Le programme de la journée :

La parole des scientifiques est régie tantôt par la liberté d’expression, dont ils disposent en tant que citoyens pouvant exprimer leurs opinions propres, et par la liberté académique, dont ils jouissent en raison de la fonction spécifique qui est la leur. La liberté académique, qui inclut la liberté de l’enseignement et la liberté de la recherche, se distingue de la liberté d’expression en ce qu’elle est une condition nécessaire de leur activité professionnelle : son sens et ses limites sont fixées, comme les responsabilités qui l’accompagnent, par les exigences du travail scientifique. Le partage entre ces deux libertés est parfois ramené à l’écart séparant une parole dans les murs de l’université et une parole hors des murs. Mais cette démarcation devient plus complexe lorsqu’ils s’expriment, en tant que scientifiques, dans l’espace public. Comment déterminer si une prise de parole relève de la liberté d’expression ou de la liberté académique ? Dans quelle mesure les attentes liées à l’intégrité scientifique peuvent-elles s’étendre aux interventions publiques des scientifiques ? Leur parole peut-elle y être régie par des principes régulateurs sans que l’une ou l’autre de ces libertés se trouve menacée ? Quels seraient ces principes ?

Président de séance : Charles Girard, maître de conférences en philosophie à l’université Jean Moulin, Lyon 3

  • Adrienne Stone, professeure de droit à l’Université de Melbourne: « The Professor, the Public Intellectual and the Activist:  The Nature and Limits of Academic Freedom » 
  • Olivier Beaud, professeur de droit public à l’Université Paris II Panthéon-Assas : « Pour un usage raisonné et raisonnable de la liberté académique ; le cas de la parole publique des scientifiques« 
  • Yves Gingras, professeur d’histoire et de sociologie des sciences à l’Université du Québec à Montréal (UQAM): « La liberté universitaire : Droits, responsabilités et risques de la prise de parole« 

L’engagement public des scientifiques repose en grande partie sur leur présence dans les médias traditionnels et numériques. Rendre la science publique c’est être capable d’en communiquer les avancées non seulement vers ses pairs mais aussi vers un public que l’on sait le plus souvent intéressé par la science, mais pas nécessairement familier de son langage et de ses méthodes. On observe par ailleurs qu’un nombre croissant de scientifiques font un usage régulier des réseaux sociaux. Pour autant quels sont les effets de la médiatisation de la science ? Qui sont les nouveaux médiateurs de l’information scientifique ? Qu’est-ce qui différencie un journaliste scientifique d’un journaliste généraliste, et comment doit-il s’assurer de la qualité de l’information transmise au public ? Les scientifiques sont-ils compétents pour communiquer dans les médias ? Doivent-ils répondre aux sollicitations des journalistes ou investir une partie de leur temps sur les réseaux sociaux pour veiller à la qualité de l’information scientifique ? La crise de la Covid-19 a-t-elle modifié les pratiques de communication scientifique ? Existe-t-il une forme de communication scientifique responsable ?

Président de séance : Michel Dubois, directeur de recherche au CNRS

  • Dominique Costagliola, directrice de recherche en épidémiologie et biostatistique à l’Inserm: « Communication scientifique, médias et réseaux sociaux pendant la crise COVID-19 : le vécu d’un chercheur« 
  • Victor Garcia, journaliste à L’Express: « Vue d’un journaliste, rôle informationnel et dérives des prises de parole des scientifiques sur les réseaux sociaux« 
  • Nathan Peiffer-Smadja, chef de clinique, infectiologue à l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris: « Information médicale sur les réseaux sociaux : une épée à double tranchant ?« 

Si la question de l’articulation entre parole institutionnelle et parole individuelle dans l’espace public n’est pas nouvelle, elle s’est probablement complexifiée au cours des dernières années. Jusqu’ici, l’institution communiquait essentiellement sur « sa » recherche par le biais de professionnels (communicants, journalistes) utilisant des canaux d’information pour la plupart déjà répertoriés. De même, les chercheurs prenaient le plus souvent la parole face à un public non professionnel dans des circonstances plutôt cadrées : interviews déférentes pour célébrer un résultat ou un équipement, intervention pour encourager des donations, fête de la science, interventions en milieu scolaire… Aujourd’hui, les formats des prises de parole publiques se sont multipliés et les chercheurs peuvent être confrontés à des attentes plus pressantes des médias, du public – voire à des déceptions ou à des doutes. Les institutions peuvent alors être directement interpellées, parfois sommées de réagir aux interventions de leurs chercheurs. 

Comment les établissements, dans leur diversité, abordent-ils ces situations ? De quelles bases légales, réglementaires, historiques disposent-ils pour définir leurs actions ?  Quels arbitrages font-ils entre le soutien aux libres débats scientifiques et la crainte d’atteinte de l’image de l’institution ? Quelles responsabilités pensent-ils avoir dans la qualité du débat public, la démocratisation des connaissances nouvelles, le niveau d’information des citoyens … et les prises de parole de leurs chercheurs ? En regard, quelles attentes les chercheurs ont-ils vis-à-vis de l’institution, en tant qu’acteur social et en tant qu’employeur ? Quelles informations, quel soutien en attendent-ils ?

Présidente de séance : Ghislaine Filliatreau, référente à l’intégrité scientifique de l’Inserm

  • Tâm Mignot, directeur de recherche en biologie, CNRS/Aix‐Marseille Université
  • Denis Guthleben, ingénieur de recherche, membre du Comité pour l’histoire du CNRS: « L’articulation des paroles dans l’histoire du CNRS… et avant« 
  • Augustin Fragnière, coordinateur de la commission « Recherche et engagement  » de  l’université de Lausanne: « Qu’est-ce qu’une université engagée ? Retour sur les réflexions menées à l’Université de Lausanne« 

Modération : Christine Noiville, directrice de recherche au CNRS, présidente du COMETS

  • Emmanuel Didier, directeur de recherche au CNRS, membre du CCNE
  • Eric Guilyardi, directeur de recherche, membre du COMETS
  • Pierre Ouzoulias, sénateur, membre de l’OPECST
  • Marie-Aude Vitrani, vice-présidente Vie institutionnelle et démarche participative, Sorbonne Université

Verbatim. Colloque "Prises de parole des chercheuses et chercheurs"

Extraits des interventions des participantes et des participants lors du colloque de l’Ofis 2022, « Prises de parole des chercheuses et des chercheurs dans l’espace public : quels nouveaux enjeux pour l’intégrité scientifique ? « 

Photos : © Benjamin Girette

Session 1 : La parole publique des scientifiques, entre liberté d’expression et liberté académique

Président de séance : Charles Girard, maître de conférences en philosophie à l’université Jean Moulin, Lyon 3

Adrienne Stone, professeure de droit à l’Université de Melbourne: « The Professor, the Public Intellectual and the Activist:  The Nature and Limits of Academic Freedom » 

Olivier Beaud, professeur de droit public à l’Université Paris II Panthéon-Assas : « Pour un usage raisonné et raisonnable de la liberté académique ; le cas de la parole publique des scientifiques« 

Yves Gingras, professeur d’histoire et de sociologie des sciences à l’Université du Québec à Montréal (UQAM): « La liberté universitaire : Droits, responsabilités et risques de la prise de parole« 

Session 2 : La parole scientifique dans les médias, en particulier les médias sociaux

Président de séance : Michel Dubois, directeur de recherche au CNRS

Dominique Costagliola, directrice de recherche en épidémiologie et biostatistique à l’Inserm: « Communication scientifique, médias et réseaux sociaux pendant la crise COVID-19 : le vécu d’un chercheur« 

Victor Garcia, journaliste à L’Express: « Vue d’un journaliste, rôle informationnel et dérives des prises de parole des scientifiques sur les réseaux sociaux« .

 

Nathan Peiffer-Smadja, chef de clinique, infectiologue à l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris: « Information médicale sur les réseaux sociaux : une épée à double tranchant ?« 

 

 

Session 3 : Quelle articulation entre parole institutionnelle et parole individuelle ?

Présidente de séance : Ghislaine Filliatreau, référente à l’intégrité scientifique de l’Inserm

Tâm Mignot, directeur de recherche en biologie, CNRS/Aix‐Marseille Université

Denis Guthleben, ingénieur de recherche, membre du Comité pour l’histoire du CNRS: « L’articulation des paroles dans l’histoire du CNRS… et avant« 

Augustin Fragnière, coordinateur de la commission « Recherche et engagement  » de  l’université de Lausanne: « Qu’est-ce qu’une université engagée ? Retour sur les réflexions menées à l’Université de Lausanne« 

Session de clôture : Perspectives d’action

Modération : Christine Noiville, directrice de recherche au CNRS, présidente du COMETS (Comité d’éthique du CNRS)

Emmanuel Didier, directeur de recherche au CNRS, membre du CCNE (Comité consultatif national d’éthique)

Eric Guilyardi, directeur de recherche, membre du COMETS (Comité d’éthique du CNRS)

Pierre Ouzoulias, sénateur, membre de l’OPECST(Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques)

Marie-Aude Vitrani, vice-présidente Vie institutionnelle et démarche participative, Sorbonne Université

Retour en images sur le colloque « Prises de parole des chercheuses et des chercheurs dans l’espace public »

Retrouvez les videos du colloque de l’Ofis du 9 juin 2022 au Collège de France.

L’actualité de ces deux dernières années, avec la crise sanitaire et les débats qui ont accompagné la pandémie, a contribué à bousculer la communauté scientifique autour de questions, et parfois même de polémiques, quant à l’expression des chercheuses et des chercheurs.

L’Ofis, dans le cadre de sa mission nationale d’animation et de prospective, a invité plus d’une quinzaine d’intervenants, universitaires de diverses disciplines, chercheurs, journalistes, médecins, pour interroger, au regard de leurs expériences et de leurs expertises, les espaces de liberté académique et de liberté d’expression, l’impact des réseaux sociaux, la distinction entre la voix de l’institution et la parole individuelle du scientifique…

Près de 200 personnes étaient présentes et ont contribué aux riches réflexions et  débats qui ont rythmé la journée. 

Retrouvez ici, en video, les 3 sessions du colloque et la table ronde de clôture, encadrées par l’ouverture et la conclusion de la journée par Stéphanie Ruphy, directrice de l’Ofis. 

Ouverture du colloque : Stéphanie Ruphy, directrice de l’Ofis

« Le choix de ce thème reflète le souci de l’Ofis dans le cadre de sa mission nationale d’animation et de prospective, d’explorer des thématiques émergentes liées à des évolutions des pratiques mêmes de la recherche et aussi à des évolutions des modes d’interaction du monde de la recherche avec d’autres composantes de la société (…) ».

Session 1 : La parole publique des scientifiques, entre liberté d’expression et liberté académique

Introduction

Charles Girard, maître de conférences en philosophie à l’université Jean Moulin, Lyon 3, président de session. 

Intervenants 

09:22 | Adrienne Stone, professeure de droit à l’université de Melbourne : « The Professor, the Public Intellectual and the Activist:  The Nature and Limits of Academic Freedom ».

26:52 | Olivier Beaud, professeur de droit public à l’université Paris II Panthéon‐Assas : « Pour un usage raisonné et raisonnable de la liberté académique ; le cas de la parole publique des scientifiques » .

44:21 | Yves Gingras, professeur d’histoire et de sociologie des sciences à l’université du Québec à Montréal : « La liberté universitaire : Droits, responsabilités et risques de la prise de parole ».

Session 2 : La parole scientifique dans les médias, en particulier les médias sociaux

Introduction

Michel Dubois, directeur de recherche en sociologie CNRS / Sorbonne Université, président de session

Intervenants

12:22 | Dominique Costagliola, directrice de recherche en épidémiologie et biostatistique à l’Inserm : « Communication scientifique, médias et réseaux sociaux pendant la crise COVID-19 : le vécu d’un chercheur ».

26:25 | Victor Garcia, journaliste scientifique à L’Express : « Vue d’un journaliste, rôle informationnel et dérives des prises de parole des scientifiques sur les réseaux sociaux ».

52:42 | Nathan Peiffer‐Smadja, chef de clinique, infectiologue à l’Assistance Publique‐Hôpitaux de Paris   « Information médicale sur les réseaux sociaux : une épée à double tranchant ? ».

Session 3 : Quelle articulation entre parole institutionnelle et parole individuelle ?

Introduction

Ghislaine Filliatreau, référente à l’intégrité scientifique de l’Inserm, présidente de session.

Intervenants

10:20 | Augustin Fragnière, coordinateur de la commission « Recherche et engagement » de l’université de Lausanne : « Qu’est-ce qu’une université engagée ? Retour sur les réflexions menées à l’Université de Lausanne.

34:12 | Denis Guthleben, ingénieur de recherche, membre du Comité pour l’histoire du CNRS: « L’articulation des paroles dans l’histoire du CNRS… et avant ».

54:20 | Tâm Mignot, directeur de recherche en biologie, CNRS/Aix‐Marseille Université : « La réponse de l’institution à l’initiative Diffusons la Science pas le Virus : entre soutien et hésitations ».

Table ronde de clôture : Perspectives d’action

Modération de la table ronde 

Christine Noiville, directrice de recherche au CNRS, présidente du COMETS

Intervenants

Emmanuel Didier, directeur de recherche au CNRS, membre du CCNE

Eric Guilyardi, directeur de recherche, membre du COMETS

Pierre Ouzoulias, sénateur, membre de l’OPECST

Marie-Aude Vitrani, vice-présidente Vie institutionnelle et démarche participative, Sorbonne Université.

Conclusion du colloque : Stéphanie Ruphy, directrice de l’Ofis

« L’Ofis partagera très largement sous différents formats (videos, écrits) les apports de cette journée, et nous produirons notamment un livre blanc qui reprendra les principaux arguments, positions, recommandations, questions en suspend, exprimés aujourd’hui. L’objectif étant de faciliter l’appropriation de ces nouveaux registres de responsabilité que ce soit au niveau individuel ou collectif (…) ».